Des Comores, des migrations et des morts

A l’affiche, cette semaine, KRO.N. Artiste multidisciplinaire, il orchestre un grand raout autour des migrations comoriennes rue Caulaincourt à Paris, ce 30 septembre 2023. Auteur de Cette terre n’est pas la mer à boire (Coelacanthe), il est également un plasticien remarquable. Mwezi Mag avait publié des images de quelques-unes de ses œuvres en juillet 2020. Nous les republions ici.

Natif de Ndzuani, Chaher Mohamed Saïd Omar est un artiste connu sous le pseudonyme de KRO.N. Il a grandi à Maore, a vécu en France et au Québec, où il a exercé le métier de journaliste, notamment dans la critique d’art.

L’acte de naissance de son travail pictural relève d’un engagement solidaire. C’est pour soutenir une amie au sein de la prestigieuse Ecole Boulle que cet autodidacte entre en peinture en octobre 2015. Ses premières ventes servent à payer les frais de scolarité d’une formation en ébénisterie à son amie. Depuis, il a poursuivi son exploration…

« Pwere », « GJ guidant le peuple », « Mutsa »…

Se saisissant de l’esprit originel du hip-hop, de son énergie issue des ghettos afro-américains, KRO.N emprunte à la rue les éléments de son art, et inscrit sa démarche dans ce qu’il nomme avec dérision : « street art d’intérieur ». Sa poétique ? Mille intentions en image, comme pour en crypter le sens. « Qu’est-ce donc que la peinture, si ce n’est des pigments apposés à fleur de peau ? Des données à ressentir », écrit-il.

En pratique, sa technique est mixte. Affiches publicitaires, rouleaux de peintures, pastels gras et feutres acryliques. L’approche de KRO.N se veut citoyenne. Sans doute en souvenir de son premier geste, il n’expose, aujourd’hui, que motivé par une cause. Nécessité et création ! Une tradition si comorienne pour qui connaît le passé culturel de l’archipel.

« Zenji le noyé », « Eden », « Ha! (nature vivante) ».

Son œuvre résonne tel art brut… en toute conscience.

Et bang ! Dégainer au pinceau ou au rouleau. Mille paroles, mille couleurs. Dans les œuvres ici figurées, s’échappe l’ombre d’une tragédie, où les morts, situées entre Ndzuani et Maore, font de la ville de Moussa le Noir une jetée de sang. Mais les morts, tout comme on le sait, sont porte-parole et la mer, toujours, redit leurs échos de couleur.

Mso

Plus d’infos sur le rendez-vous du 30 septembre à Paris, cliquer ici.

Sur le texte de Chaher Mohamed Saïd Omar.