Uropve, style et contenu

Uropve est une histoire d’utopie citoyenne, au sein de laquelle il est question de redonner la parole au peuple. Un support monothématique, qui innove sur les plans de la forme et du fond, promu par l’équipe du Muzdalifa House et qui est distribué gracieusement à ses lecteurs.

Le premier numéro évoquait le rapport entretenu par les Comoriens avec le politique. Le second s’intéresse au religieux, au sacré, au divin. Un tour d’horizon presque complet sur l’archipel et ses croyances. L’islam, les entités parallèles, la main de l’homme. Tout y passe. Avec des contributions d’une qualité rare. De la part d’un journaliste (Kamardine Soule), d’un imam érudit (Mohamed Badjrafil), d’un ambassadeur anthropologue (Sultan Chouzour), de l’équipe du Muzdalifa House (Fouad Ahmada Tadjiri, Mmadi Mihidjay, Soeuf Elbadawi), avec des écrits qui prolongent le débat sur le blog du Muzdalifa. On y trouve une contribution du Dr Anssoufouddine Mohamed, poète et cardiologue, sur les thérapies d’hier et d’aujourd’hui, dans l’archipel.

Uropve – et ce n’est pas la peine de chercher – est un objet introuvable en kiosque. Ce n’est pas un journal vendu à la criée. Ce n’est pas un fanzine partisan, non plus. Une manière en soi de se distinguer. Uropve est d’abord et avant tout un outil de partage et d’analyse de l’information entre citoyens désireux de réfléchir autrement sur leur espace d’existence. Il n’est lu pour l’instant que parce ceux qui contribuent à le faire exister, de manière solidaire, sans marketing, ni publicité, ni aucune autre manière de discours rentable, digne d’un média business. « Pas de mercantilisme possible » dit l’équipe. Uropve est une affaire d’économie participative, située loin des mécanismes de vente sous pression. Uropve est prévu pour paraître tous les quatre mois, sous un format A2 plié. Huit pages richement illustrées pour le premier et le second numéro.

ProU2

Uropve, sans être monomaniaque, est un journal monothématique. Il se veut ouvert à toutes les formes d’écritures et souhaite permettre l’émergence d’une parole d’auteurs sans concessions, susceptibles de générer du débat. Uropve ne s’intéresse, ni au factuel, ni aux coulisses du pouvoir en place. Objet d’artisan, il est hors du champ consumériste. « Pour le lire, on doit admettre de réfléchir sur sa réalité. Nous allons donc essayer de créer de petits cercles de discussions autour de nos contenus. Il y aura des rencontres, des échanges dans l’espace public, des confrontations d’idées. Les premiers rendez-vous auront lieu au Muzdalifa House. L’enjeu est simple/ il faudrait que ceux qui lisent Uropve se retrouvent avec assez de billes pour ferrailler au nom du vivre-ensemble ». Uropve s’éloigne des normes en vigueur de la presse comorienne pour mieux s’articuler autour de la nécessité et de l’urgence d’un discours citoyen. Sa devise veut dire: « Shiwandza shozinisa finira na maurongozi ya ntsi ».

uropve2-2

Par ailleurs, Uropve réserve ses pages à tous, pas qu’au monde des journalistes. L’équipe sollicite aussi bien les chercheurs en sciences humaines que les techniciens spécialisés sur chantier. « Tout le monde y a sa place, du moment que cela nous apporte des biscuits pour réfléchir ». Un travail d’artisan, à parcourir page par page, pour mieux le comprendre. « C’est frais, c’est stylé et ça me donne l’impression de comprendre ce qui se passe autour de moi. En plus, ça n’a rien d’un business ou alors ils sont fous. Le journal est distribué gracieusement à tous ces lecteurs, qui ne font que contribuer à son existence, sans vraiment le payer. S’il devait être mis en vente, il coûterait, je pense, un peu cher, vu la qualité ». Il n’y a pas meilleur compliment que celui de ce lecteur, qui a rejoint la dynamique en construction depuis Paris. Uropve se donne encore deux numéros pour pouvoir s’imposer dans le paysage, en démontrant que l’information n’a pas à devenir une valeur marchande, dans un pays où la rumeur submerge souvent les contenus. Le prochain numéro, déjà en préparation, sera consacré aux dossiers qui fâchent : l’économie, la justice, l’éducation, la santé. Uropve compte là aussi faire appel à des journalistes aussi bien qu’à des praticiens établis dans les secteurs sur lesquels le numéro va travailler.

M.

Le PDF du numéro #1 de Uropve est téléchargeable sur notre site, offert gracieusement par ses lecteurs contributeurs, à cette adresse : uropve1Une manière citoyenne de partager l’info sur les réalités comoriennes. Uropve – qui n’existe pas en kiosque – prolonge un idéal d’utopie collective, largement inspiré du shungu des Anciens.