Texte lu, en entrant au Théâtre-Studio d’Alfortville, où nous sommes allés voir Slums!, le dernier spectacle de Thierry Bedard, d’après l’œuvre de Mike Davis. Un bel objet comme seul Bedard sait en fabriquer sur la dérive des mondes. A l’entrée du lieu, ces mots du dramaturge anglais Edward Bond, collés au mur, adressés à un public que nous n’avons guère besoin de nommer..
Vous êtes assis et vous regardez la scène
Vous avez le dos tourné
À quoi ?
.
Le peloton d’exécution
Tire dans la nuque
Des peuples entiers ont été pris
À regarder du mauvais côté
.
Je veux vous rappeler
Ce que vous avez oublié de voir
En venant ici
Vous rappeler d’écouter ce que
Vous étiez trop occupés pour entendre
Vous demander de croire
Ce que vous aviez honte d’admettre
.
Si ce que vous voyez sur scène déplaît
Vous vous enfuyez
Heureux public !
.
N’y a-t-il aucune innocence enchaînée
Dans le monde vers lequel vous fuyez
Aucun enfant affamé
Parce que votre monde est trop faible
Et les riches trop pauvres
Pour le nourrir
.
Sur la scène les acteurs parlent de la vie et imitent la mort
Vous devez résoudre leurs problèmes dans votre vie
Souvenez-vous
Qu’ils donnent à voir les morts à venir
.
Les mots d’Edward Bond se terminent là. L’impression qu’il parle de nous, du monde dans lequel on patauge, des paysages qui fondent nos vies. Que dire de plus ? Sinon ce besoin que nous avons d’imaginer la scène et nous, assis, face à elle. La nécessité aussi de comprendre ce qui nous pend au nez, tout en remerciant Bedard. Car sans lui, nous n’aurions peut-être pas lu ce qui était sur le mur.
Rapportés ici par Soeuf Elbadawi