Co signé par des acteurs de la scène littéraire comorienne, ce texte venait en réaction au colloque organisé les 19 & 20 mars 2015 au campus universitaire de Dembeni, sur l’île de Mayotte.
Nous apprenons à nos dépens encore une fois qu’un colloque sur les productions littéraires de l’Archipel des Comores se tient à Mayotte. L’intitulé des interventions nous plonge dans l’embarras. Décidément, cet espace demeure à jamais un champ d’expérimentation du feuilleton colonial dans ses ébats multiples. Avec la langue et l’histoire de cet Archipel, des Martin et des linguistes de salon, reniant jusqu’à l’intégrité de leur conscience intellectuelle, ont donné le ton. L’hydre aux innombrables masques semble n’épargner, ni des critiques respectés, ni des universitaires, qui, jusqu’ici, étaient regardés comme représentatifs de la pensée positive.
Un nouveau seuil est encore franchi. Des têtes bien pensantes, spécialistes des littératures du Sud, se sont conviées pour entériner l’un des mensonges de l’histoire humaine. Après la partition politico-géographique des Comores, le travail actuel consiste à procéder au viol de nos imaginaires. Les révisionnistes et les faussaires de l’histoire à l’œuvre dans ce pays ont la peau dure. Comment peut-on nous exproprier jusqu’au sens de notre regard sur le monde et sur nous-mêmes, résultat de longs siècles d’être-ensemble ? Ce que nous demandons, c’est la reconnaissance de notre intégrité culturelle, identitaire, sociohistorique. Les choix politiques, restant des choix politiques, doivent-ils se justifier par des manipulations et des falsifications incessantes ?
Nous refusons de perdre notre âme. L’unicité des paradigmes constitutifs des Lettres Comoriennes reste indéniable. Parler des littératures maoraise et comorienne est d’une absurdité intellectuellement insoutenable.
SIGNATAIRES
Anssoufouddine Mohamed, poète
Mohamed Nabhane, auteur
Saindoune Ben Ali, poète
Fathate Hassan, critique
Soeuf Elbadawi, auteur
Mohamed Ahmed Chamanga, éditeur
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