Septembre annonce le dernier quart de l’année 2015. Une occasion pour saluer quelques rendez-vous dans l’agenda d’une famille élargie. Vwauvwau est un mot de langue shikomori, issu du malgache, signifiant l’inédit, la nouveauté, l’émerveillement.
Après une année de labeur et d’incertitudes, les rendez-vous pris en Europe, cette rentrée, ramènent du baume au cœur de nos publics fidèles. Et non ! Nous ne sommes pas encore morts ! La culture, certes, va mal aux Comores. Mais l’horizon n’est pas bouché. Car les petites mains, comme toujours, travaillent d’arrache-pied en coulisses pour faire revivre la flamme du Muzdalifa House, grâce à Washko Ink. et aux partenaires d’un jour ou de toujours. Nos aventures se poursuivent à l’international, avec des collaborations et des amitiés nouvelles.
Après la peur. Créé entre Bruxelles et Montréal, sous la direction d’Armel Roussel, le spectacle de la compagnie [e]utopia, est une expérience interactive, où la parole, comme l’explique Inchauspé, avocat et acteur culturel au Québec, une parole plurielle et évolutive. Roussel a fait appel à une dizaine d’auteurs francophone, dont Soeuf Elbadawi (Comores), Dany Boudreault (Québéc) et Jean-Baptiste Calame (Suisse) ou lui-même (France/ Belgique) pour une proposition promenant le spectateur entre l’institution théâtrale et la rue. Vous arrivez sur plateau, choisissez quatre destinations parmi douze, vous vous retrouvez dans un dîner dédié à la rencontre, dans une chambre d’hôtel vouée à un amour gay, dans un bus survolté sous surveillance policière ou encore dans un salon pour pleurer à la mode japonaise. Un projet inédit, étrange, qui questionne à l’endroit de l’humain. Vu avec succès au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal, en début de mois. A l’affiche du NEST Théâtre à Thionville le 19 septembre, des Francophonies en Limousin à Limoges les 25, au Théâtre Les Tanneurs Bruxelles du 29 septembre au 3 octobre prochains. Soeuf Elbadawi y joue. Plus d’infos : Utopia.
Festin de mots pour un shungu. Pour un public, un musicien et six auteurs. Une lecture en écho de SHUNGU Un festin de lettres, recueil de textes parus, l’an dernier, aux éditions Komedit à Moroni. Une proposition de Washko Ink. et du Muzdalifa House. Avec Julie Gilbert, Jérôme Richer, Marie Fourquet, Marc-Antoine Cyr, Raharimanana, Soeuf Elbadawi, auteurs, et Fouad Ahamada Tadjiri, guitariste. « Sur une terre située à dix mille kilomètres de l’Hexagone, des hommes, il y a longtemps, ont inventé une manière de faire récit ensemble. Elle se fonde sur le don et le contre-don. Nous nous en sommes inspirés pour fomenter ce festin de lettres, en attente du vrai shungu. Car cette utopie de l’être-ensemble, née du désir de tendre la main à l’autre, dans l’espoir de retrouver une forme d’humanité, se nomme ainsi : shungu. Comme le souffle d’une éruption donnant vie à tout un monde. Nous ? Des auteurs qui nous sommes croisés à Limoges, il y a deux ans, et à qui un compère a cru bon de proposer ce lieu commun, au sens glissantien du terme, où chacun, à égalité, apporte ses mots pour nourrir l’idée d’un ultime shungu à construire. A l’origine de toute histoire, il y a le désir de l’autre. Et la parole fuse ensuite… » A l’affiche des Francophonies en Limousin le 28 septembre 2015 et de la librairie Folies d’Encres à Saint-Denis le 10 octobre 2015. En novembre, à Moroni.
Mwezi WaQ. le film. Le collectif, rassemblant Fouad Ahamada Tadjiri, Laher, Ousman Danedjo et Soeuf Elbadawi, initié à la suite de l’album Mwezi WaQ. Chant de lune et d’espérance, sorti chez Buda Musique à Paris et consacré par l’Académie Charles Cros en 2O13, réapparaît ce mois-ci sous la forme d’un petit documentaire en ligne, avec des extraits de leur live parisien d’octobre 2014. Un moment de partage, annonçant le retour à l’affiche du groupe en novembre prochain. Ils seront notamment à l’affiche des Treize Arches à Brives le 27 novembre 2015 et aux Deux Pièces Cuisine le 4 décembre 2015 au Blanc-Mesnil. Une belle étape pour le groupe avant la mise en orbite de leur nouveau projet prévu pour sortir en 2017. Le film, visible sur le site Vimeo, relate la manière dont le projet s’est peu à peu construit, durant ces quatre dernières années, pierre par pierre, Du studio à la scène. Histoire d’une aventure improbable, surgie d’une scène pourtant fragilisée, celle de l’archipel des Comores. Avec un répertoire qui interroge la mémoire archipélique, tout en se réclamant du présent. Une musique qui résonne telle une prière pour un monde meilleur, où le partage transcende les peurs. A la fois inscrite dans un legs ancestral et ouverte aux vents de l’ailleurs. Un vrai condensé de rythmes et de mélodies pour fans de musiques actuelles.
Compagnonnage avec Komedit. La maison historique, aux côtés de laquelle nous œuvrons depuis plusieurs années pour une mise en valeur de l’expérience comorienne, réédite deux poètes incontournables dans l’archipel. Saindoune Ben Ali et Anssoufouddine Mohamed. Le premier, avec Testaments de transhumance, et le second, avec Paille-en-queue et vol. Ces auteurs, nés à Mirontsy, sont porteurs d’une audace et d’une impertinence, qui tranchent avec la plupart des productions de l’archipel. La littérature comorienne d’expression française célèbre, cette année, son 30ème anniversaire, et relire leurs premiers textes publiés, rappelle qu’ils émergent d’une terre encore en quête d’elle-même, après 40 années d’indépendance. Dans un pays où publier est devenue une manie d’intellectuel féodal, leurs mots rapportent la rage contenue d’une génération à qui on a promis le rêve d’un pays de lune, avec des discours forgés dans le verbe facile des années de crise. Saindoune Ben Ali écrit qu’un « âne passe/ le Comorien salue tête baissée/ Aux braiements/ répondent nos applaudissements ». Anssoufouddine raconte, lui, que « vint alors/ une soif du Nord/ vite noyée/ dans les corbeilles/ d’une schizophrénie ». Plus d’infos, se rendre sur le site de Komedit. Une écriture de la désillusion. Signalons par ailleurs la parution d’un imagier, Masanamwana de Mohamed Nabhane, chez le même éditeur, le premier du genre, dans l’édition comorienne.
La rédaction