Akeem jusqu’à L.

Retour sur l’une des dernières créations d’Akeem alias Washko. Un artiste majeur de la scène hip hop comorienne. Jusqu’à L est une production du label Uni’Son, soutenue, entre autres, par le théâtre Les Bambous, scène conventionnée, à la Réunion. Toujours en tournée, le solo a été vu aux Comores, à la Réunion et en France. Un compte-rendu du mbandzi slam Absoir.

Jusqu’à L. est plus qu’un spectacle de danse. C’est un appel à la réflexion, une remise en question, un souffle d’espoir. Danser pour exister. Danser, c’est exulter. Akeem ou la passion qui guide un homme. Akeem alias Washko, qui porte bien son nom.

«Dans ma tête, c’est les Comores d’abord », confie l’auteur du brillant jusqu’à L. et c, malgré les peines qui jonchent sa terre. Akeem prend les difficultés à bras le corps. Le natif de Moroni n’a jamais coupé le cordon. Avec son pays et le monde, qu’il sillonne à pas de danse.

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© Jeremy Langlois

Chorégraphe, danseur et metteur en scène, sous label Uni’son, Akeem a fait ses armes au sein de compagnies de danse urbaines consacrées en France. A commencer par Ethadam, La Rualité ou encore Choréam. Akeem, a co-crée plus d’une dizaines d’œuvres originales, avant ce dernier projet.

Après Dur d’y croire, prix spécial du jury au Festival Passes portes à Maurice, Jusqu’à Lest une œuvre  à couper le souffle. Un dialogue entre le corps et la lumière. Jusqu’à L questionne les rapports entre l’homme et son univers.

Dès les premières notes, vos oreilles se laissent surprendre. Un chant traditionnel comorien, qui se prolongera vers un mix de hip hop et de rythmes urbains. Ce duo époustouflant, entre  un homme et la lumière nous plonge dans un univers presque inquiétant, à cause, sans doute, des agissements de l’homme sur la lumière.

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L’homme, la lumière. Ces deux Protagonistes se toisent, se blessent et parfois, se soignent. La lumière devient cri. Une douleur, une prison. L’homme, une brute, un corps dénué de raison. «Vers la fin, je me fais agresser, voire persécuter par la lumière», déclare Akeem.  L’impression que son temps était compté : « haka hatimu ».

Ce qui perturbe dans Jusqu’à L, c’est l’innocence. L’auteur n’y dispense aucune leçon, ni de morale, ni de bon sens. Disparates, hargneux et belliqueux, l’homme et la lumière se déchirent dans une impunité totale. Quant au spectateur, conquis, il n’y voit que du feu. Une chose est sûre : Jusqu’à Lest une œuvre qui mérite d’être partagée.

Absoir

La photo en Une est de Jeremy Langlois.