Chakri

Reprise du focus paru dans le n°2 de Mwezi, le magazine d’AB Aviation. Un zoom sur Chakri,  un artiste  prisé dans l’archipel, pour qui la peinture reste une passion inexpliquée.

Il parle de don : « Si vous faites une chose avec passion, le Seigneur vous entend, et vous le donne ». A 10 ans, Chakri se voit en train de croquer son monde au crayon. Ni influence, ni référence : « Je ne connaissais pas de peintres ». Il s’intéresse alors à la magie du trait. Mais les parents, eux, ne sont pas fans ! Ils vont jusqu’à le menacer du feu de la géhenne. En lui expliquant à chaque dessin commis que Dieu dans l’au-delà l’obligera à donner vie à ses créatures de papier : « On en plaisante avec ma mère. Quand je lui ramène un peu d’argent, grâce à ce travail, je demande toujours si elle se souvient de ce qu’ils me disaient à l’époque. Et ça la fait rire ».

Ch3jpg

Une oeuvre dédiée aux victimes du Visa Balladur entre Anjouan et Mayotte.

Autodidacte, Chakri se souvient de sa première œuvre. Faite sur un matériau difforme (« difu »), avec de la peinture de récupération (« pourles portes »), et grâce à un pinceau à base de tige (« mnyongo ») et de tissu (« mwanguo »), il s’agissait d’un oiseau. Il se  souvient également de sa première expo à 13 ans. Des dessins sur contreplaqué, exhibés à l’entrée de la demeure familiale. L’envie de partager ! « Une passion que je n’explique pas ». A 50 ans, le petit bonhomme, qui pèse 1m20 en taille, n’oublie surtout pas qu’il passait plus de temps à dessiner qu’à manger dans son enfance.

Mais c’est lorsque la SOPAC, pour qui il illustre des couvertures de cahier à ses 20 ans, le fait venir à Moroni qu’il prend la mesure de tout son art. Le contact avec les artistes de la capitale (Modali, Seda, ibrahim Said Bacar), avec qui il fonde Simbo Art, l’oblige à approfondir sa technique : « C’est là que je me suis vraiment mis à interroger mon travail ». A leurs côtés, il fera son premier voyage à l’étranger. A l’île de la Réunion. Au retour, les choses s’accélèrent. Il signe sa première grande exposition, sur le thème des kwasa, et rencontre un couple d’expatriés français, les Lavergnes, devenus ses premiers vrais soutiens, depuis.

Soeuf Elbadawi

Le numéro 2 de Mwezi dans lequel se trouve ce focus est téléchargeable ici : MWEZIMAG#02. Il vous est gracieusement offert par la compagnie AB et ses partenaires. Le meilleur de la culture comorienne en concentré. En mots et en images…